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So Vietnam
23 juin 2013

Les Vietnamiennes

Hier soir au bar avec des amis, nous parlions comme d'habitude de la culture vietnamienne (sujet inépuisable qui domine de loin toutes les conversations ici), et l'un des présent fit cette demie plaisanterie : 

"Le Vietnam est certainement le pays au monde qui pourrait le mieux se passer des hommes, qui servent vraiment à rien ici."

Après 4 mois au Vietnam, je suis effectivement toujours surpris - venant de France - de me trouver dans une société presque matriarcale. Ce sont nettement les femmes qui gèrent l'argent du ménage, et qui ont généralement les plus gros revenus. Si les hommes tiennent encore les postes politiques et administratifs, ce sont les femmes qui ont des postes a responsabilité dans les entreprises. Dans les boulots plus communs, les hommes sont massivement Xe om (moto-taxi), chauffeurs de taxi, gardiens devant les magasins ou gardiens de parking. Bref, des métiers où on reste posé toute la journée et où on peu se faire une petite sieste de temps en temps (même si ça reste des métiers durs). Les femmes sont partout ailleurs, en plus forte proportion que les hommes, y compris dans l'industrie. 

Certains disent que cette situation date de la guerre : les femmes ont du prendre en main l'économie du pays après les 1,5 à 5 millions de morts. Je pense que cela y a certainement contribué, mais le Vietnam a incontestablement une tradition matriarcale plus ancienne. Les livres d'histoire sont pleins d'héroïnes guerrière combattant la domination chinoise, les nom des rues le reflètent également. 

Les Hai Ba Trung (les "deux dames Trung", ou "soeurs Trung") comptent parmi les figures les plus populaires et les plus aimées au Vietnam, même si leur histoire remonte au premier siècle de notre ère. Elles auraient pris les armes pour venger leur mari de la tyrannie chinoise dans leur province du Nord, jusqu'à reprendre 65 citadelle et être proclamées reines. D'autre souveraines ont marqué les esprits, comme Y Lan, "Celle qui s'appuie contre un Magnolia", Lê Thi Yên de son vrai nom. Au 12è siècle, le Roi Ly Thanh Tong n'a toujours pas d'enfant mâle à 40 ans et fait un pèlerinage à la pagode Dâu pour implorer Buddha de remédier à cette situation. Il croise dans la campagne une ravissante jeune fille appyuée contre un magnolia, l'aborde, et est tellement impressionné par son assurance et son intelligence qu'il l'emmène avec elle. Contrairement aux autres concubines; elle s'intéresse toute de suite aux affaires d'état, et est avide de connaissance. Aussi lorsque le Roi part en guerre contre les Chams, il lui confie la régence. Mais une crise s'abat sur la pays, la famine et des troubles, qui contraignent le roi à rentrer. Mais en chemin il apprend que les décisions astucieuses de Y Lan ont rétabli l'ordre et la prospérité, et retourne mettre une raclée aux Chams. A la mort du Roi elle devient naturellement reine, et marque les esprits par sa maîtrise, allant jusqu'à sortir victorieuse d'une nouvelle agression de la dynastie chinoise des Song. 

Aujourd'hui encore, nombre de pagodes sont vouées à ces personnages à moitié mythologiques moitié historiques, presque tous héros nationalistes. Ils sont un peu comme les Saints chez nous finalement, et nombre de vietnamiens ont des figures féminines plutôt que des Buddhas dans leur autel des ancêtres chez eux. En face de chez nous il y a une énorme statue de femme sur le toit, qui clignote en bleu la nuit. 

Cela dit après cette période le Vietnam a connu de nombreux siècles de patriarcat "classique", avec l'influence chinoise du confucianisme (doctrine largement mysogine). Mais même la culture chinoise si influente dans la région n'est pas venue à bout de la culture vietnamienne véritable, d'une force étonnante. Les vietnamiens sont vraiement très vietnamiens...

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